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Culture et société

Let it be

The mother of all festivals

Les célébrations du 400e anniversaire de la fondation de Québec n’étaient ni historiques ni politiques, on l’a constaté. Cette sereine anarchie de l’été 2008 a vécu d’autres règles que les règles historiques ou politiques. C’était une fête, tout simplement, ce qui est bon pour le tourisme et, croit-on, pour l’économie. Mais c’était bien davantage, il faut le reconnaître : c’était une célébration destinée à se donner le sentiment d’être partie prenante d’une collectivité dans un monde d’individus rois, partie prenante sans la responsabilité. The mother of all festivals, dirait-on Quai Conti.

Les festivals à répétition dont notre société s’honore ne sont pas des célébrations des arts, du rire, du homard ou du rodéo, mais des festivals de foule. Une foule qui combat sa solitude — «les masses modernes sont des conglomérats de solitaires», écrivait Octavio Paz — et cherche la morale universelle, cosmique, de la fraternité, de l’absence de pouvoir, l’abolition de la rivalité, de la compétition et des hiérarchies.

Tout commence sous prétexte politique, à la Saint-Jean, fête politisée mais dénationalisée, vidée de toute signification historique. L’histoire n’est plus une trajectoire à poursuivre ou à corriger, mais un simple spectacle. En juin dernier, c’est un comédien (Emmanuel Bilodeau, le René Lévesque soft de la télévision) qui mimait celui dont on a fait, à tort ou à raison, l’incarnation principale de la Révolution tranquille. Dans la société de l’image et du spectacle, la politique devient une fiction, l’immanence remplace le temps.

Comme un orgasme

Étonnamment, la masse qui s’était lentement accumulée devant la Citadelle — certains attendaient aux barrières, sous les fenêtres de mon hôtel, depuis 24 heures — s’est dissoute d’un coup comme le carrosse de Cendrillon. Comme un orgasme. On retourne de l’anonymat dans la solitude.

Le 20 juillet, les jours raccourcissaient déjà petit à petit. On allait se préparer à un nouveau printemps, à un nouvel été, à de nouvelles fêtes. Assouvie la soif de rite, il n’y a pas de nouveau départ après la cérémonie. C’est une mue annuelle, pas une mutation.

Let it be.